Dysplasie de la hanche chez le chien : Une malformation orthopédique complexe
- Johanna Parment
- 6 févr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 mars
La dysplasie de la hanche (DH) est une affection orthopédique congénitale qui affecte l’articulation coxo-fémorale, entraînant une instabilité articulaire, une arthrose précoce et, dans les cas graves, une incapacité fonctionnelle. Bien que cette pathologie soit présente chez plusieurs races de chiens, elle est particulièrement fréquente chez les grandes races, telles que le Golden Retriever. La dysplasie de la hanche a une composante héréditaire, mais des facteurs environnementaux peuvent également influencer son expression clinique.
Mécanismes physiopathologiques
La dysplasie de la hanche résulte d’un développement anormal de l’articulation coxo-fémorale pendant la croissance. Dans une hanche normale, la tête du fémur (l’os de la cuisse) s’insère parfaitement dans l’acétabulum (la cavité de la hanche). Cependant, dans la dysplasie de la hanche, cette articulation n’est pas correctement formée, ce qui entraîne un mauvais ajustement de la tête du fémur dans la cavité acétabulaire. Cette déformation engendre une instabilité de l’articulation, une usure prématurée du cartilage articulaire, et finalement le développement d’une arthrose.
Les mécanismes de la dysplasie de la hanche sont multifactoriaux et impliquent une interaction complexe entre la génétique et des facteurs environnementaux tels que la croissance rapide, la nutrition, l’activité physique et le poids corporel.
Facteurs génétiques et hérédité
La dysplasie de la hanche est une pathologie à composante héréditaire clairement identifiée. Les études génétiques ont démontré qu’elle suit un mode de transmission complexe, associant plusieurs gènes susceptibles d’influencer le développement de l’articulation. La transmission se fait généralement de manière autosomique dominante avec pénétrance variable, ce qui signifie qu’un chien porteur du gène peut ne pas toujours développer la maladie, mais transmettra néanmoins la prédisposition à sa descendance.
Bien que la dysplasie de la hanche soit héréditaire, elle n’est pas le résultat d’un seul gène défectueux. C’est une pathologie polygiénique, impliquant plusieurs facteurs génétiques qui interagissent entre eux. Cette complexité rend le dépistage et l’élimination des porteurs difficiles. Ainsi, même si les chiens reproducteurs sont testés et considérés sains, des porteurs de prédispositions génétiques peuvent encore transmettre la dysplasie à leurs chiots. Par conséquent, une sélection génétique rigoureuse et la mise en place de pratiques de reproduction responsables sont essentielles pour réduire l’incidence de la dysplasie de la hanche.
Facteurs environnementaux
En parallèle de l’hérédité, des facteurs environnementaux peuvent aggraver l’apparition et la gravité de la dysplasie de la hanche. Parmi les facteurs les plus influents, on retrouve :
1. Nutrition : Une croissance trop rapide, en particulier un excès de calories pendant les premières années de vie, peut augmenter la charge sur les articulations en développement. Une alimentation trop riche en calories, en calcium ou en phosphore pendant la phase de croissance peut accélérer l’apparition des signes cliniques.
2. Poids corporel : Les chiens en surpoids ou obèses exercent une pression supplémentaire sur les articulations, ce qui aggrave la dégénérescence du cartilage et accélère l’apparition de l’arthrose.
3. Exercice excessif ou inapproprié : Bien que l’activité physique soit bénéfique pour le développement musculaire, des exercices intenses ou mal adaptés, notamment avant que le système musculo-squelettique ne soit complètement développé, peuvent aggraver l’instabilité articulaire. Les sauts répétés et les exercices à fort impact avant l’âge de 12-18 mois peuvent nuire à la structure de la hanche.
Diagnostic
Le diagnostic de la dysplasie de la hanche repose sur une combinaison d’observations cliniques et d’examens diagnostiques, principalement les radiographies.
1. Examen clinique : Le vétérinaire évalue les signes cliniques de douleur et de boiterie. Des tests physiques spécifiques, tels que le test de Barlow et le test de Ortolani, sont réalisés pour examiner l’instabilité de l’articulation.
2. Radiographies : Les radiographies sont l’outil diagnostique principal pour évaluer la dysplasie de la hanche. Elles permettent de visualiser l’acétabulum, la tête du fémur et la relation entre ces deux structures. Le score de la dysplasie de la hanche est souvent utilisé pour évaluer le degré de gravité de la pathologie, allant de léger à grave. Ce score est basé sur la radiographie de la hanche, réalisée généralement à partir de 12 mois chez les chiens adultes.
Traitement
Le traitement de la dysplasie de la hanche varie en fonction de la gravité de la pathologie. Il peut inclure des options conservatrices ou chirurgicales.
1. Options conservatrices :
• Gestion du poids : Réduire l’obésité et maintenir un poids corporel optimal est essentiel pour limiter la pression sur les articulations.
• Exercice modéré : Des exercices contrôlés pour renforcer les muscles et maintenir la mobilité articulaire sont recommandés.
• Médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : Ces médicaments sont utilisés pour gérer la douleur et l’inflammation.
• Suppléments nutritionnels : L’utilisation de chondroprotecteurs comme la glucosamine et la chondroïtine peut aider à soutenir la santé articulaire.
2. Options chirurgicales :
• Ostéotomie du bassin (Triple Pelvic Osteotomy - TPO) : Une intervention chirurgicale pour repositionner la cavité acétabulaire afin d’améliorer l’alignement de la hanche. Ce traitement est généralement réservé aux chiens jeunes, avant l’apparition de l’arthrose.
• Prothèse totale de la hanche : Chez les chiens plus âgés ou ceux présentant des lésions articulaires sévères, une prothèse de hanche peut être envisagée pour restaurer la fonction et soulager la douleur.
• Arthroplastie : Une autre option chirurgicale qui consiste à retirer partiellement les parties déformées de l’articulation pour réduire la douleur et améliorer la fonction.
Prévention et gestion
La prévention de la dysplasie de la hanche repose principalement sur la sélection rigoureuse des reproducteurs et la gestion environnementale des chiots en croissance. Il est essentiel de limiter les facteurs de risque pendant la phase de croissance, tels que l’excès de poids et les exercices excessifs.
Conclusion
La dysplasie de la hanche est une affection orthopédique complexe et souvent invalidante, qui touche de manière significative les grandes races de chiens, notamment le Golden Retriever. Bien qu’elle soit principalement héréditaire, des facteurs environnementaux tels que la nutrition et l’exercice jouent un rôle crucial dans son développement. Un diagnostic précoce et une prise en charge adaptée, comprenant des traitements conservateurs et chirurgicaux, peuvent permettre de gérer cette pathologie et d’améliorer la qualité de vie des chiens affectés. Une sélection génétique rigoureuse des reproducteurs, couplée à des pratiques de gestion adaptées pendant la croissance des chiots, demeure essentielle pour réduire l’incidence de cette affection dans la race.

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