Maladie congénitale chez le Golden Retriever
- Johanna Parment
- 6 févr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 mars
Le Golden Retriever, bien qu’étant une race réputée pour sa robustesse et son équilibre comportemental, est prédisposé à plusieurs maladies congénitales pouvant affecter divers systèmes organiques. Ces affections peuvent être d’origine génétique, mais il est essentiel de reconnaître que des facteurs environnementaux ainsi que des anomalies survenues au cours de l’embryogenèse jouent également un rôle majeur dans leur développement. La compréhension de ces pathologies permet d’améliorer leur diagnostic, leur prise en charge et les stratégies de sélection en élevage.
1. Cardiopathies congénitales : Sténose aortique sous-valvulaire et sténose pulmonaire
Les maladies cardiaques congénitales constituent un problème de santé notable chez le Golden Retriever. Parmi elles, la sténose aortique sous-valvulaire (SAS) est la plus courante. Elle résulte d’un épaississement fibreux ou fibro-musculaire sous la valve aortique, entraînant une obstruction du flux sanguin, une surcharge du ventricule gauche et, à terme, une hypertrophie ventriculaire avec risque d’insuffisance cardiaque.
Si une composante héréditaire est fortement suspectée, la SAS n’est pas une affection strictement mendélienne. Son expression clinique peut être modulée par des influences environnementales, notamment des facteurs intra-utérins affectant le développement cardiaque précoce. La sténose pulmonaire, caractérisée par un rétrécissement de la valve pulmonaire entraînant une surcharge du ventricule droit, suit un schéma similaire en termes de multifactorialité.
Bien que le dépistage par échocardiographie Doppler des reproducteurs permette de limiter la propagation de ces pathologies, il ne garantit pas l’absence de transmission, car ces affections peuvent émerger de la combinaison complexe de plusieurs gènes et de conditions embryonnaires altérées.
2. Malformations rénales et urologiques : Dysplasie rénale et uretère ectopique
La dysplasie rénale est une anomalie du développement néphronique, où les reins présentent une architecture anormale due à un arrêt prématuré de la différenciation tissulaire. Cette affection entraîne souvent une insuffisance rénale progressive, caractérisée par une diminution de la filtration glomérulaire, une polyuro-polydipsie et une perte pondérale. L’origine de cette pathologie est multifactorielle : bien que des prédispositions génétiques soient suggérées, des perturbations du micro-environnement fœtal, telles qu’une hypoxie placentaire ou une toxicité in utero, peuvent également être impliquées.
L’uretère ectopique est une autre malformation congénitale affectant l’appareil urinaire. Cette anomalie survient lorsque l’implantation des uretères est ectopique, c’est-à-dire qu’ils ne se terminent pas dans la vessie mais dans l’urètre, le vagin ou d’autres structures. Cette condition entraîne des fuites urinaires constantes et des infections urinaires récidivantes. L’uretère ectopique peut être un défaut isolé ou s’associer à d’autres anomalies congénitales du tractus urinaire, telles que la duplication urétérale ou une hypoplasie vésicale. Sa pathogénèse inclut probablement des facteurs héréditaires ainsi que des anomalies de migration cellulaire et de différenciation tissulaire durant l’embryogenèse.
3. Dysplasie de la hanche et autres affections orthopédiques congénitales
La dysplasie de la hanche est une affection développementale multifactorielle qui se traduit par une laxité articulaire excessive de l’articulation coxo-fémorale, entraînant une subluxation progressive, une inflammation et une dégénérescence arthrosique. Si la prédisposition génétique est bien établie, des facteurs environnementaux jouent un rôle déterminant dans l’expression de la maladie. Parmi eux, la vitesse de croissance, l’apport nutritionnel (notamment un excès calorique et un déséquilibre phospho-calcique) ainsi que l’activité physique inadaptée durant la période juvénile influencent fortement la sévérité de la dysplasie.
D’autres malformations orthopédiques, telles que la luxation congénitale de la rotule, peuvent également affecter certains individus. Bien que moins fréquente dans cette race que dans les chiens de petite taille, cette anomalie résulte d’un défaut d’alignement du mécanisme extenseur du genou, souvent secondaire à une anomalie du développement osseux du fémur ou du tibia.
4. Anomalies oculaires congénitales : Entropion et dysplasies rétiniennes
L’entropion congénital est une malformation palpébrale où la paupière se retourne vers l’intérieur, entraînant un contact direct des cils avec la cornée. Cela provoque une irritation chronique, des ulcérations cornéennes et, dans les cas avancés, une opacification cornéenne pouvant altérer la vision. Cette anomalie résulte d’une combinaison de facteurs génétiques et de défauts dans la croissance et la différenciation des tissus faciaux durant la gestation.
Les dysplasies rétiniennes, caractérisées par une organisation anormale des couches rétiniennes, sont également rapportées chez le Golden Retriever. Elles peuvent se présenter sous forme de plis rétiniens bénins ou évoluer vers des formes sévères avec décollement rétinien et perte de vision. L’étiologie inclut des mutations génétiques, mais des facteurs tératogènes durant la gestation (infections, carences nutritionnelles ou toxines) peuvent aussi induire ces anomalies.
5. Anomalies du développement neurologique : Hydroencéphalie et hypomyélinisation
L’hydroencéphalie congénitale est une pathologie du développement cérébral caractérisée par une accumulation excessive de liquide céphalo-rachidien dans les ventricules cérébraux, entraînant une augmentation de la pression intracrânienne et des troubles neurologiques variés (ataxie, troubles du comportement, crises épileptiformes). Cette anomalie peut être liée à des mutations génétiques affectant la résorption du liquide céphalorachidien, mais elle peut également être causée par des infections intra-utérines ou des anomalies vasculaires cérébrales.
L’hypomyélinisation congénitale, ou syndrome du “trembleur”, est une autre pathologie neurologique rare pouvant affecter certaines lignées. Elle résulte d’un défaut dans la production de myéline, l’enveloppe protectrice des nerfs, entraînant des tremblements généralisés chez le chiot dès la naissance. Certains cas montrent une amélioration avec l’âge, suggérant une récupération partielle de la synthèse de myéline, tandis que d’autres évoluent vers une ataxie permanente.
Conclusion
Le Golden Retriever, bien que généralement robuste, est prédisposé à un certain nombre de maladies congénitales affectant divers systèmes organiques. L’approche diagnostique et préventive de ces affections repose sur une analyse rigoureuse des antécédents familiaux, des examens cliniques et d’imagerie avancés, ainsi que sur la prise en compte de facteurs non génétiques influençant le développement embryonnaire et fœtal.
Si la sélection des reproducteurs sur des critères de santé constitue une mesure essentielle de prévention, elle ne peut à elle seule éradiquer ces pathologies en raison de leur étiologie multifactorielle. La compréhension fine des interactions entre génétique, environnement intra-utérin et perturbations du développement embryonnaire est donc cruciale pour améliorer la santé à long terme de cette race emblématique.

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