Qu est ce qu’un bon éleveur?

Récemment, j’ai lu plusieurs articles très intéressants sur ce qui définit un bon éleveur. C’est un sujet vaste et complexe que j’ai déjà abordé dans plusieurs de mes articles sur la sélection. Pourtant, il suscite toujours des débats, car il n’existe pas une seule et unique définition du « bon éleveur ».

En effet, chaque éleveur a des objectifs qui lui sont propres, tout comme chaque famille à la recherche d’un chiot a des attentes différentes. Certains éleveurs privilégient la sélection pour le travail, d’autres pour la morphologie. Cette diversité d’approches fait partie de la richesse de l’élevage, mais elle rend aussi le choix d’un bon éleveur plus complexe pour les futurs adoptants.

Si certains critères sont subjectifs, d’autres restent des incontournables : la transparence, l’engagement et la rigueur dans le travail de sélection.

Visiter l’élevage et échanger avec l’éleveur : une étape essentielle selon moi

Aucune fiche en ligne, aucun document officiel ou appel téléphonique aussi détaillé soit-il, ne peut remplacer une visite d’élevage et une discussion en face-à-face avec l’éleveur. Voir les chiens évoluer dans leur environnement, observer leur comportement et échanger avec l’éleveur permet d’obtenir une vision bien plus juste que n’importe quel pedigree ou test de santé affiché sur un site internet.

Un bon éleveur doit être capable d’expliquer ses choix et être totalement transparent sur son travail :

• Pourquoi a-t-il fait ce mariage en particulier ?

• Quels sont les points forts et les éventuelles faiblesses de la lignée ?

• Quels sont les tests de santé effectués sur les reproducteurs ?

• Comment socialise-t-il ses chiots avant leur départ ?

• Quels conseils donne-t-il pour l’avenir du chien ?

L’éleveur ne doit pas se contenter de vendre un chiot : il doit accompagner les futurs propriétaires et leur fournir toutes les informations nécessaires pour les aider à faire le bon choix.

L’apport de LOF Select : un outil intéressant

Ces dernières années, la base de données LOF Select (https://www.centrale-canine.fr/lofselect/recherche-chien) a été mise en place pour aider à la sélection et à l’acquisition d’un chien inscrit au Livre des Origines Français (LOF). Elle permet aux éleveurs et aux futurs adoptants d’accéder à des informations essentielles :

• Pédigrées et lignées : pour comprendre l’ascendance d’un chien et l’influence de ses ancêtres.

• Résultats de santé : tests de dépistage des maladies héréditaires selon les recommandations des clubs de race.

• Titres en expositions et travail : pour évaluer la conformité aux standards ou les aptitudes fonctionnelles des lignées.

C’est un outil très utile qui apporte plus de transparence sur les chiens inscrits au LOF et facilite l’analyse des lignées. Mais ce n’est pas une finalité en soi.

Certains éleveurs choisissent, par exemple, de ne pas faire lire leurs radios par le club de race. Ce n’est pas forcément un signe de manque de sérieux, mais peut être dû à des divergences sur l’interprétation des résultats ou sur les critères d’évaluation. Un éleveur rigoureux doit être en mesure d’expliquer pourquoi il a pris telle ou telle décision, en toute honnêteté. L’important est d’avoir une démarche cohérente et réfléchie, et non de se contenter de cocher des cases.

Expérience et apprentissage : toujours progresser pour mieux élever

Un bon éleveur n’est pas seulement celui qui a de l’expérience, mais aussi celui qui sait se remettre en question et évoluer avec le temps.

Pour ma part, on reste un jeune éleveur (que je suis) tant que l’on a moins de 15 ans d’expérience. Pourquoi ? Parce que l’élevage est un apprentissage constant, et qu’il faut au moins ce temps pour observer la longévité de ses chiens et tirer des enseignements des problèmes rencontrés.

• On fait des choix, parfois justes, parfois moins.

• On tombe, on se relève.

• On réussit certaines choses et on en rate d’autres.

• On apprend, chaque jour, au contact des chiens, des vétérinaires, des autres éleveurs et des familles qui accueillent nos chiots.

L’ancienneté ne fait pas tout. On peut être éleveur depuis 30 ans et ne pas avoir su évoluer, ne pas avoir compris l’importance d’une bonne sélection ou ne pas avoir remis en question ses pratiques. À l’inverse, un éleveur plus jeune, mais curieux, travailleur et rigoureux, peut très bien faire un excellent travail.

Un aspect souvent négligé : la subjectivité des choix en élevage

Dans le monde de l’élevage, il est important de comprendre que chaque éleveur fait des choix, parfois très personnels, qui définissent sa propre approche. Choisir un étalon, sélectionner une femelle dans un autre élevage, ou encore définir une orientation de travail ou de sélection, sont des décisions prises après réflexion, mais qui restent influencées par de nombreux facteurs, tant objectifs que subjectifs. En réalité, il n’y a pas de “bonne” ou “mauvaise” réponse en soi.

Le processus d’élevage est profondément marqué par des affinités personnelles et des convictions propres à chaque éleveur. Par exemple, un même chien pourrait être vu comme un modèle d’excellence dans un élevage et critiqué dans un autre, tout comme un même étalon ou une même lignée pourrait susciter des opinions très divergentes. Ces différences de perception sont légitimes et contribuent à la diversité de notre métier, mais elles peuvent aussi rendre la navigation dans cet univers complexe, tant pour nous, éleveurs, que pour nos clients.

C’est pourquoi, à un moment donné, il est nécessaire de faire des choix clairs, de définir sa propre voie et de s’y tenir. Ce n’est pas une question de juger les autres, mais plutôt de s’engager avec une vision cohérente qui nous est propre. Cette diversité d’opinions, bien qu’elle puisse rendre les choses plus difficiles, est aussi une richesse, car elle permet à chacun de trouver sa place et de choisir l’éleveur, l’animal ou la lignée qui correspond à ses valeurs et à ses attentes.

L’influence des autres éleveurs : une source d’inspiration essentielle

L’élevage ne se fait pas en solitaire. Nous sommes aussi le reflet des éleveurs qui nous ont inspirés, de ceux dont nous admirons le travail et qui ont façonné notre vision. En débutant, nous nous appuyons sur l’expérience et les lignées d’autres passionnés, et avec le temps, nous affinons notre propre approche.

Personnellement, j’ai débuté avec des chiennes de l’élevage des Jardins d’Epona de Sébastien Muller Boyer, et je reste une grande admiratrice de cet éleveur pour de nombreuses raisons. Son travail m’a marqué et continue de m’inspirer aujourd’hui. Mais il y en a d’autres, et chacun, à sa manière, influence ma vision de l’élevage. Je ne citerai pas tout le monde ici, mais il est certain que nous évoluons tous en nous nourrissant du travail et des réussites de ceux qui nous entourent.

Conclusion : choisir un éleveur, c’est choisir une philosophie d’élevage

Il n’existe pas de recette magique pour définir le « bon » éleveur, mais il y a des critères essentiels : la transparence, la réflexion et la rigueur dans la sélection.

J’invite mes clients et lecteurs à parcourir mes autres articles sur la sélection pour approfondir ces sujets et mieux comprendre les enjeux de l’élevage. Choisir un éleveur, ce n’est pas seulement choisir un chiot : c’est aussi adhérer à une vision, à une manière de travailler et à une certaine éthique.